"Dividende salarié" : le gouvernement a t-il vraiment compris ce qu'est la participation dans l'entreprise ?

Publié le 21/11/2022

 

L'exécutif manipule une idée (de plus...)

"Je souhaite qu'avec les partenaires sociaux, nous avancions plus rapidement sur notre proposition de dividende salarié, qui doit donner rapidement des résultats concrets. Une entreprise qui distribue des résultats à ses actionnaires doit aussi distribuer à ses employés". Cette phrase, prononcée par Bruno Le Maire au Sénat le 2 novembre dernier, préfigure la création prochaine d'un "dividende salarié" dans le cadre de la loi de programmation budgétaire.

La volonté est clairement établie de renvoyer l'auditeur à la participation théorisée par Marcel Loichot, et défendue par le Général de Gaulle. Nous craignions au contraire que cet effet d'annonce se situe à des années-lumières d'un modèle économique bien plus conséquent et porteur de justice sociale.

 

Participation au capital ou au baratin ?

En effet, il est uniquement question de re-calibrer le partage des richesses entre salariés et actionnaires. La réforme concernerait les entreprises à partir de 11 salariés, certes, mais cet aspect seul ne saurait constituer un progrès social. Il n'est nullement fait part d'un quelconque souhait que le salarié soit actionnaire lui aussi ; seule la redistribution finale est évoquée.

Dans la participation authentique, cette redistribution n'est pourtant pas une cause, mais une conséquence d'un processus incomparablement plus démocratique, juste socialement et durable. La valeur ajoutée n'est pas simplement redistribuée sous forme de dividendes, mais en tant qu'actions d'une part, et autofinancement d'autre part.
• Grâce à l'autofinancement, l'entreprise permet aux salariés de se réapproprier les moyens de production.
• Grâce aux actions, la redistribution des dividendes n'est pas simplement un fait exceptionnel, mais une obligation définitive des dirigeants de compléter le salaire par un dividende tout autant établi.

 

Les décisions prises intéressent aussi - et surtout - les salariés !

Ces actions, dont les salariés seraient bénéficiaires, offrent également une garantie démocratique importante : le droit des salariés d'être bien mieux représentés au conseil d'administration de l'entreprise.
Nous n'admettons pas que les actionnaires décident seuls des conditions de travail de ceux qui leur permettent de percevoir une richesse mensuelle. À une heure où la crise attaque violemment le portefeuille des Français, où l'on définit la "rentabilité au travail" par un temps maximal passé au poste quitte à rendre pénible toute autre situation, nous estimons essentiel de rendre au travail sa dignité et sa ferveur. Aux calculs sur le temps maximal, nous opposons que le travail le plus rentable est celui que l'on a le plus envie de vivre et d'effectuer. Pour cette raison, l'avis des salariés est essentiel afin de concilier efficacité économique et justice sociale. Malheureusement, la participation des employés au capital n'est pas au programme du gouvernement, qui se contente de semer des miettes sans repenser en aucune manière le rapport au travail dans notre pays.

Le Bureau du MHAN

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