Un troisième confinement qui ne tient pas compte des erreurs des deux précédents

Publié le 02/04/2021

 

Mercredi dernier, le président de la République a annoncé sa volonté d’instaurer, pour la troisième fois, un confinement généralisé du pays. Même si la mesure semble peu assumée (le terme « confinement » n’étant pas prononcé à cette occasion), elle reprend les dispositions déjà en vigueur en Île-de-France, Hauts-de-France, Haute-Normandie, Aube, Alpes-Maritimes, Nièvre et Rhône. Nous appuyons cette décision, et appelons le plus grand nombre à respecter les consignes gouvernementales.

 

Toutefois, nous regrettons que ce nouveau confinement ne prenne pas en compte, ou pas assez, les manques et errements des deux précédents. À l’exception des librairies maintenues ouvertes, les commerces de proximité, de bouche, lieux touristiques, salles de spectacles resteront fermés, sans aucune prise en compte des capacités d’adaptation dont certains sont capables de faire preuve. Cette décision incohérente et lourde de conséquences, est le fruit d’un suivi à la lettre du Conseil Scientifique, très compétent en sciences, mais connaissant beaucoup moins les mesures pouvant être prises par les commerçants, afin de protéger les clients du virus tout en restant ouvert. L’absence du gouvernement à leur endroit ne fera que d’aggraver l’urgence sociale et culturelle, découlant directement de la crise sanitaire.

 

Plus particulièrement, nous regrettons que le gouvernement ne soit pas au rendez-vous de l’adaptation des métiers de la culture à la crise : de plus en plus de salles de spectacles, et même d’indépendants, s’équipent en vue de diffuser des prestations en direct sur les réseaux sociaux. Les sociétés de droit ayant obtenu des accords avec les principales plateformes, ces concerts peuvent susciter des revenus, dont les artistes et travailleurs ont plus que jamais besoin. Quelles dispositions ont été prises pour aider les salles et les artistes à s’équiper ? Nous déplorons ce virage manqué, accusant le retard de la France sur l’évolution de la culture depuis la crise.

 

Par ailleurs, nous souhaitons exprimer nos réserves quant au maintien du couvre-feu à dix-neuf heures, trop proche des horaires de fin de travail pour un large nombre de professions, et ayant pu susciter des pics de fréquentation dans les commerces généralistes et certains lieux publics. Le repousser à vingt-deux heures, surtout en période de confinement aux déplacements limités à dix kilomètres, nous semble plus opportun.

 

Enfin, nous dressons le constat d’une gestion contre-productive, de la stratégie de vaccination, par l’Union européenne. D’une part, parce que certains États-membres, à l’image de l’Allemagne, ne respectent que les consignes qui leur plaisent, preuve que la « solidarité européenne » n’est qu’une chimère, s’effaçant derrière un bien réel « chacun pour soi ». D’autre part, parce que le manque de vaccins, et l’arrivée tardive de leur production eu Europe ou en France, a ralenti la stratégie vaccinale de l’ensemble des États-membres, preuve qu’une coopération mal engagée et faiblement consentie divise les forces au lieu de les multiplier.

 

Face à cette stratégie européenne enrayée, nous appelons le gouvernement à agir pour les Français, sans attendre les pays européens qui ne jouent pas le jeu.

 

Aloïs LANG-ROUSSEAU,
Porte-parole du MHAN,
et l'ensemble des membres du Bureau.

 

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