"Grand mouvement de l'écologie politique" : réponse du MHAN à EELV, les écologistes parlent à "Les Écologistes"

Publié le 14/12/2022

 

Le passage chez France Inter de Marine Tondelier, nouvelle secrétaire nationale d'EELV, met les choses au clair :
• Il y aura une liste conduite par EELV aux européennes
• EELV souhaite s'élargir en effectifs et porter une écologie "de la joie, du convivial"
• EELV souhaite se rebaptiser "Les Écologistes" en rassemblant ses différentes tendances, ainsi que les Français s'y intéressant "de près ou de loin".


Une alternative politique souhaitable

Au-delà des multiples origines de l'écologie politique, pouvant nous diviser, nous ne pouvons que saluer un positionnement qui ressemble à l'engagement écologiste authentique qui nous anime, et qui rythme la coalition Tous Unis pour le Vivant, première coalition écologiste de France.

À l'inverse, le changement de nom pour "Les Écologistes" renvoie à la même critique que "Les Républicains", "Les Patriotes" ou "Les Centristes". Méprisant car cela signifierait que les non-adhérents du parti ne seraient pas écologistes. Obsolète et voué à l'échec car nous vivons, comme le rappelle Marine Tondelier, une époque durant laquelle les Français sont particulièrement réticents à l'idée de rejoindre le moindre parti.

Au-delà de cette manipulation cosmétique, l'idée de réunir les écologistes et les défenseurs du Vivant nous est commune. C'est d'ailleurs la mission que s'est donnée la coalition Tous Unis pour le Vivant, à laquelle nous sommes fiers d'appartenir. C'est l'essence du Mouvement Hommes Animaux Nature (tout est dans le titre), qui ne s'est jamais présenté à la moindre élection sans avoir multiplié les efforts afin d'offrir aux électeurs le plus large rassemblement possible.

Seulement, un tel rassemblement ne peut se contenter d'amasser les intéressés sans travail de fond. Rassembler les sensibilités écologistes impose de faire de la préservation de la Nature et du Vivant une matrice idéologique inaliénable. Une exigence à étendre jusque dans ses moindres détails, sur laquelle les autres enjeux s'articulent tels des branches, des bourgeons, des fleurs, des fruits.


Confirmer l'écologie et se délester des errances contre-productives

Les piliers de l'écologie, nous les connaissons et les partageons :
la lutte contre le produtivisme et l'extension tentaculaire du consumérisme
l'alternative aux mécanismes de maximisation des profits, sans laquelle le combat contre le productivisme serait incomplet
le désamorcement du mondialisme économique qui broie la justice, la dignité et le Vivant sur son passage
l'universalisme qui permet à toutes et tous de regarder dans la même direction, celle de notre avenir sur la Terre, et empêche les malvenu(e)s de dévisager ou de stigmatiser.

Il s'agit donc, pour l'écologie politique, de réfléchir son engagement selon cette matrice indéboulonnable. Cela implique de se défaire de certaines positions prônées par plusieurs responsables d'EELV.
Incarner une réponse pragmatique au progrès. L'écologie n'est ni progressiste ni conservatrice, c'est l'acceptation ou le refus du progrès selon l'intérêt supérieur du Vivant et de la Nature. Nous devons avoir le courage de reporter tout autre moteur de décision à un second plan.
Séquencer les urgences énergétiques selon la menace qu'elles représentent. Cela signifie que nous devons garder la sortie des énergies fossiles en objectif premier, et avoir le courage de reléguer la question épineuse du nucléaire au second plan.
Veiller à faire de l'antiracisme un vecteur d'unité, et éviter de voir la situation d'une communauté à travers elle seule. Nous ne pouvons nous permettre d'aliéner le sort du plus grand nombre à des considérations sémantiques, surtout lorsqu'elles n'amènent pas d'observations concrètes dans le quotidien des opprimés. L'universalisme, c'est rassembler un peuple afin de lui offrir un destin. Le cadre républicain et laïque de notre pays constitue une condition directe de la réussite de cet objectif.
Savoir subordonner tout fédéralisme au respect des piliers de l'écologie, à commencer par une Union Européenne trop inégale en la matière. Malgré les nombreux efforts de députés européens courageux (parfois méprisés par la France), le Traité de Lisbonne est un baillon pour les écologistes que nous sommes. Il interdit l'unification des labels Bio, encore trop inégaux et hypocrites d'un pays à l'autre. Il interdit aux États de contrôler les mouvements de capitaux d'un pays à l'autre, empêchant toute lutte contre l'évasion fiscale. Il interdit aux États de jouir de leur plein droit de taxer les importations déloyales, polluantes et vectrices de souffrance animale. Nous défaire de cette entorse à notre combat, c'est remplacer le Traité de Lisbonne par un traité à la hauteur. Les articles préexistants permettent déjà l'émergence d'une alternative européenne écologiste.
Séparer les banques de dépôt des banques d'affaires, afin de sanctionner le financement de l'intolérable et l'économie de la décadence écocide, grâce à une taxe éthique.
Trouver un équilibre entre baisse de la consommation et maîtrise de la population. Des solutions de progrès existent : la protection de la condition féminine contre les velléités réactionnaires, la scolarisation pour toutes et tous et la retraite digne. Ce combat mérite d'être mené dans des pays qu'à défaut d'avoir suffisamment développés, nos prédecesseurs centenaires ont maltraités.
Créer les conditions de l'adhésion du peuple à l'écologie. Climat qui nécessite de mettre fin aux taxes stigmatisant la majorité précaire de nos concitoyens, et de concentrer nos efforts sur les individualités les plus polluantes, souvent les plus riches. Par ailleurs, nous combattrons plus efficacement les énergies fossiles à la source qu'au portefeuille.


Ces perspectives, partant toutes des quatres piliers inaliénables de l'écologie, appellent une clarification inévitable. De nombreux cadres, et à plus forte raison de nombreux adhérents d'EELV, respectent et partagent déjà certaines de ces observations. Sans doute aurez-vous une lecture enrichissante de l'écologie dont nous avons besoin, ajoutant des piliers, des conséquences et des conditions aux nôtres. Nous sommes prêts à en discuter pour l'avenir de notre pays, de notre planète et du Vivant qui l'anime. Si nous souhaitons contribuer ensemble à la création d'un grand mouvement de l'écologie, telles sont les pistes permettant l'unité d'un discours, au service de l'unité d'un combat qui mérite d'être mené. Si vous ne le faites pas pour EELV ou nous pour le MHAN, faisons-le pour notre avenir !

Le Bureau du MHAN

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