En Marche en passe de perdre la majorité à l’Assemblée nationale !

Publié le 09/05/2020

 

 

Ce n’est encore jamais arrivé au cours de la Cinquième République. Le parti au pouvoir, initialement détenteur de la majorité absolue, risque de la perdre au cours des prochains jours. En plus des dix-huit députés ayant déjà quitté le groupe La République en marche en près de trois ans, vingt autres élus menacent de mettre les voiles à leur tour. De ce coup d’éclat naîtrait un neuvième groupe : « Écologie, Démocratie, Solidarité ». Des mots qui évoquent les principaux échecs de l’exécutif.

 

L’écologie aura t-elle raison d’En Marche ?

Parmi les députés au cœur de l’initiative, l’on retrouve quelques proches des milieux écologistes :

• Delphine Batho, présidente de Génération Écologie

• Matthieu Orphelin, ancien marcheur, proche de Nicolas Hulot et probable président du futur groupe

• Cédric Villani, signataire des chartes de L214 et Paris Animaux Zoopolis alors qu’il était candidat à la mairie de Paris, et volontaire pour une alliance avec David Belliard.

Nul doute que l’urgence écologique, plébiscitée par les Français à l’occasion des élections européennes et promesse de l’ « Acte 2 » du quinquennat, a joué un rôle dans l’émergence de cette initiative. Les marcheurs, élus au son de l’entrée de Nicolas Hulot au gouvernement, semblent prendre conscience du fossé séparant les promesses des actes. Une première ligne avait été franchie lors du vote serré de la ratification du C.E.T.A ; cette probable scission en serait une deuxième.

 

La démocratie, en réponse aux défauts internes à En Marche

Plusieurs députés du groupe L.R.E.M. avaient déjà quitté le parti, restant apparentés. La plupart dénonçaient la gestion de la chapelle présidentielle et le manque de démocratie interne. La marcheuse Albane Gaillot avait même voté la motion de censure initiée dernièrement par la gauche, à l’occasion de la réforme des retraites et de l’application de l’Article 49.3.

Le nouveau groupe en voie de formation propose donc, dans sa profession de foi, la « modernisation de la démocratie » ; nous ne manquerons pas de détailler, prochainement, nos propositions en la matière.

 

Une scission de centre gauche

« Réduire les inégalités sociales et territoriales » est une autre priorité mentionnée par les initiateurs du probable neuvième groupe parlementaire. L’on note parmi eux la présence d’Aurélien Taché, auteur d’un amendement (retoqué au Sénat) permettant une baisse de la taxe foncière pour qui hébergerait un migrant à domicile. La réforme des retraites est également motrice de cette démarche, le Collectif Social-Démocrate ayant fustigé l’ « âge pivot » introduit par Édouard Philippe. Le nom du socialiste Guillaume Garot est également cité, et rien ne dit que l’initiative n’intéressera pas le progressiste Sébastien Nadot ou l’écologiste François-Michel Lambert.

En résulte un probable neuvième groupe concentrant des dissidents d’En Marche, des écologistes et des sociaux-démocrates ; trois échecs de l’exécutif, trois sujets ayant incité ces élus à réagir selon leurs convictions, et non celles du président de la République. Les esprits se libèrent, nous ne pouvons que le saluer.

 

Rien n’est fini pour Macron

Bien que cette probable scission soit un nouveau record pour la Cinquième République, Emmanuel Macron est loin de s’effondrer ; il peut compter sur son allié datant de l’élection présidentielle, le MoDem, et ses satellites de droite Agir et UDI. La majorité de l’Assemblée reste donc clairement Macron-compatible. Mais François Bayrou obtiendrait un rôle de premier choix, et serait en position de faire chanter le parti macronien. Peut-être a t-il trouvé une bonne occasion de rappeler ses propositions en matière de moralisation de la politique ? Celles-là même qui ont été exclues de la loi Confiance durant l’été 2017...