Déconfiner la culture pour ne pas la tuer

Publié le 30/04/2021

 

Nous l’avons entendu ce jeudi : les données épidémiques s’améliorent. Si elles nous permettent d’éviter un troisième confinement, nous pouvons nous en féliciter largement. Ce sera peut-être l’occasion, nous le souhaitons, de sauver un secteur qui fait, depuis longtemps, la fierté de la France : la culture.

 

Le secteur de la culture surprend toujours les néophytes dans sa capacité d’adaptation à un monde en évolution permanente. L’année 2021 n’échappe pas à la règle. Côté prestations scéniques et musicales, les professionnels s’adaptent en intégrant la possibilité d’organiser des live streams. En français : des prestations en direct diffusées sur les réseaux sociaux. Les sociétés de droits, comme la Sacem, ont même pris les devants, en passant des accords avec les principales plateformes, dont YouTube et Facebook. Côté musique, les artistes seront rémunés si leur performance enregistre 1000 vues dans les trois mois suivant la mise en ligne. Ces 1000 vues assurent un socle de base de 76 €, auxquels s’ajoutent 1€ par millier de vues. Ce système étant imparfait, rien n’interdit les collectivités locales, et même l’État, de promouvoir les live streams d’artistes français (musique, théâtre ou autres spectacles). À quand l’émergence d’une plateforme française dédiée à ce type de diffusion, avec des outils de navigation et de choix élaborés ? À quand la promotion, par les collectivités locales, des talents de leur contrée par le partage de ces diffusions ? Rares sont aujourd’hui les initiatives allant dans ce sens.

 

Quant aux salles de spectacles, les arguments visant à justifier leur fermeture sont contestables, à condition de proposer des aménagements exceptionnels. Doit-on avoir peur du nombre de personnes présentes et du respect ou non des gestes barrière ? Remplissons à moitié les salles en utilisant un siège sur deux, en quinconce d’une rangée à l’autre. Ce fut d’ailleurs le cas en juin dernier, dans la stratégie de déconfinement proposée par un certain Jean Castex. Doit-on avoir peur de l’air agité par les applaudissements ? Demandons, comme cela se fait parfois déjà, aux spectateurs de n’applaudir qu’à la fin du spectacle. Ou mieux, trouvons une équipe à même de développer une application mobile, permettant aux spectateurs de manifester leur approbation à distance et sans applaudir. Avec une connexion Bluetooth/WiFi et une banque de sons, le tour est jouable. Doit-on avoir peur de l’irrespect des gestes barrière lors de l’entrée ou de la sortie du public ? L’occasion est formidable d’amorcer un retour à la discipline, en invitant les rangées à sortir chacune à leur tour. Doit-on redouter les déplacements pour rien, les personnes qui achètent une place au dernier moment ? Rendons la réservation obligatoire, et les curieux se prémuniront avant de se rendre sur place. Que faire des salles sans sièges ? Leur permettre d’en acheter. Un élan de solidarité peut même être mis en place, en facilitant les partenariats entre ces salles et certains restaurants aux locaux trop exigus pour assurer le respect des gestes barrière. La scène pourrait alors être occupée pour la diffusion de live streams, et la salle pour accueillir les clients d’un restaurant partenaire, assurant la promotion mutuelle des deux entreprises.

 

Soit dit en passant, bon nombre de ces remarques sont également valables pour les commerces de proximité. L’Espagne a même fait un choix opposé à celui de la France : le maintien des commerces de proximité au détriment des grandes surfaces. Cette disposition est cohérente à l’égard de la fréquentation de leurs locaux respectifs, et de la plus grande capacité des petites surfaces à faire respecter une jauge maximale à leurs clients. Les musées, surtout s’ils sont composés d’une succession de salles, peuvent également remplir ces conditions. Pour satisfaire tout cet éventail de possibilités, seule une action coordonnée des élus locaux et de l’État peut permettre de prévoir un déconfinement de ces activités. Aux collectivités locales de répertorier les commerces à même de respecter les exigences préalablement citées. Et à l’État, par l’intermédiaire de ses préfets, d’autoriser, ou non, les plans de réouverture et/ou de coordination de commerces et d’entreprises, en fonction de leur capacité à protéger nos concitoyens.

 

Aloïs LANG-ROUSSEAU,
Porte-parole du MHAN

 

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